L’ADN innovation : article du 26 sept. 2029 par Margaux Dussert
Plus belle la vie, Baron Noir… de plus en plus de séries tentent de limiter l’impact environnemental de leurs tournages. Du recyclage des décors au transport des comédiens en voiture hybride, tous les moyens sont bons, même si le chemin est encore long.
Projecteurs gourmands en énergie, gaspillage alimentaire, tournages à l’autre bout du monde et trajets en avion… l’industrie audiovisuelle n’est pas réputée pour sa conscience environnementale. En France, le secteur émet environ 1 million de tonnes d’équivalent CO2 dans l’atmosphère chaque année, dont environ le quart est directement lié aux tournages, révèle le CNC avec Ecoprod, collectif luttant pour une industrie audiovisuelle plus responsable.
Moins de plastique, gestion des déchets… quand les tournages se mettent au vert
Depuis quelques années pourtant, le secteur fait son autocritique et tente de mettre en place des solutions concrètes sur les lieux de tournage. Vous serez d’ailleurs surpris d’apprendre qu’en France, la série marseillaise Plus belle la vie est pionnière en la matière. En 2017, Le Parisien saluait déjà des efforts de longue date de la part des équipes de tournage. Au Mistral (quartier fictif de Marseille où se déroule la série, ndlr), on consulte le script de chaque épisode sur tablette, on se déplace en voiture hybride pour se rendre sur le plateau et on limite au maximum le gaspillage alimentaire en cuisine.
« Le chef travaille avec des producteurs locaux, les épluchures servent à faire du biocompost… Et l’ancienne machine à café dotée de capsules jetables a été remplacée par une machine à grains moins gourmande. À la clé, une économie de près de 80 000 capsules par an et autant de déchets en moins, rapporte le média. Ne cherchez pas non plus une assiette ou une cuillère en plastique. La vraie vaisselle est privilégiée pour éviter de mettre à la poubelle 20 000 assiettes en plastique par an. » Du bon sens donc, mais pas que.
Autre exemple, la série Baron Noir dont le tournage de la troisième saison s’est achevé en août dernier. Selon Sciences et Avenir, l’entreprise spécialisée en éco-tournage Secoya est notamment intervenue sur le plateau pour optimiser la gestion des déchets. Lancée en 2018, la société se targue notamment d’avoir économisé plus de 80 000 bouteilles d’eau, évité l’utilisation de plus de 50 000 capsules de café et recyclé plus de 700 poubelles. « On sensibilise sur la consommation de papier et de données numériques avant et pendant le tournage, on mutualise les voitures pour le transport, on privilégie des hôtels engagés, des décors réutilisables, l’usage de gourdes, et la nourriture provient de circuits courts. On fait de petits pas ! », explique l’un des fondateurs au média.
Hollywood s’y met aussi
Outre-Atlantique, Hollywood se met aussi à l’éco-production. Il y a quelques années, rappelle Variety, plusieurs studios de production (NBCUniversal et le syndicat Directors Guild of America notamment) se sont réunis pour lancer The Green Production Guide, un guide détaillant certaines des actions à mettre en place pour limiter l’impact des tournages sur l’environnement. Selon le média américain, ses directives incluent notamment l’élimination des ustensiles en plastique au profit du papier, le recours au réseau électrique des studios plutôt que l’utilisation de générateurs alimentés avec du carburant et même de la signalétique pour inciter aux bonnes pratiques.
Souvent pensés à usage unique, les décors sont aussi dans le radar de l’éco-production. À ce titre, le média américain s’appuie sur l’exemple du film d’horreur The Possessions of Hannah Grace (Sony Pictures), sorti en 2018. Lors d’une scène à frissons, l’actrice principale, Shay Mitchell, se retrouve dans un dédale de couloirs fabriqués à partir de cubes Emagispace, une entreprise spécialisée dans la conception de décors en bois modulables et réutilisables. À noter que Sony devrait prochainement devenir « le premier studio à installer des panneaux solaires » sur certains de ses plateaux.
Petits et grands, les exemples d’éco-conception sont légion. La difficulté ? Trouver une alternative écologique à chaque maillon de la chaîne de production.