Tournages Cinéma : le fonds d’indemnisation

Les Echos, article de Marina Alcaraz du 27 mai 2020

Tournages Cinéma : le fonds d’indemnisation sera uniquement financé par l’Etat

Réclamé par les producteurs, le fonds d’indemnisation en cas d’arrêt des tournages pour cause de Covid est abondé de 50 millions d’euros. Mais uniquement par l’Etat, alors qu’Emmanuel Macron avait demandé à y associer les assureurs aussi.

L’Etat exauce un voeu des producteurs : le fonds d’indemnisation des productions dans le cinéma et l’audiovisuel en cas de coronavirus sera mis en place le 1er juin et abondé de 50 millions d’euros comme ceux-ci l’avaient réclamé. Mais il ne sera pas cofinancé par les assureurs, contrairement à ce qu’avait souhaité Emmanuel Macron.

Géré par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), il a vocation à permettre d’indemniser les tournages affectés par des suspensions, arrêts ou surcoûts survenus en raison du Covid-19. Concrètement, il prévoit une franchise des producteurs qui pourrait aller jusqu’à 15 % du coût du sinistre, « afin de les inciter à veiller à la prévention des risques », précise un spécialiste.

Le fonds public de 50 millions interviendrait alors en complément, avec un plafond qui pourrait aller jusqu’à 20 % du budget de l’oeuvre indemnisée. Le CNC devrait prévoir toutefois un plafond autour de 1,2 million alors qu’en France, le budget moyen d’un long-métrage est d’environ 4 millions.

« Mettre les assureurs devant leur responsabilité »

Les assureurs, eux, ne dépenseront rien, c’est l’Etat qui finance tout. « Les assureurs aujourd’hui ne peuvent pas ou ne veulent pas – c’est un peu les deux parce qu’ils ne peuvent pas se faire réassurer eux de leur côté – financer le risque Covid », a regretté Franck Riester, mardi sur franceinfo.

Pourtant, Emmanuel Macron avait appelé les uns et les autres à participer début mai« On va mettre les assureurs, les Sofica devant leurs responsabilités », avait-il dit, prenant soin de rappeler que ceux-ci vivent toute l’année du cinéma. A l’origine, les régions et le secteur privé, les banques notamment, devaient aussi se rallier au dispositif. C’était le souhait du gouvernement.

L’espoir serait néanmoins toujours permis. « L’objectif de l’intervention publique est de créer un marché pour les assureurs mais aussi de donner confiance aux régions et au secteur privé, précise une personne au fait du dossier. Le CNC garde l’espoir que les assureurs participent au dispositif, au-delà du fonds, dans les prochaines semaines. Il fallait aller vite pour une reprise des tournages rapide, sans forcément les attendre. »

A voir… En tout cas, pour les professionnels, c’est un soulagement que l’Etat intervienne. Ils avaient conditionné la reprise des tournages à la mise en place de ce fonds . « Même si tous les détails ne sont pas encore arbitrés, l’indemnisation sera large », juge Olivier Zegna Rata, délégué général du SPI (Syndicat des producteurs indépendants).

« Ce fonds était essentiel pour la reprise, renchérit Thomas Anargyros, président de l’Union syndicale de la production audiovisuelle. Malgré un bémol : les tournages à l’étranger ne seront pas couverts… » Seules les oeuvres dites « patrimoniales », comme la fiction et le documentaire, pourront être indemnisées et non les divertissements et jeux.